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Itzhak Rabbin – Cérémonie du 22 novembre 2023 à Grenoble

Le jour d’après… la paix comme unique combat

Ces dernières années, le tulipier planté à la mémoire d’Itzhak Rabbin au Jardin des Plantes, ne voyait qu’un petit nombre de personnes se réunir pour l’anniversaire de son assassinat. Cette année, une tempête terrible s’est levée qui menace de tout emporter, mais il tient et nous sommes beaucoup plus nombreux !

Puisque le Cercle Bernard Lazare et la Ville de Grenoble ont associé l’École de la paix à cet événement, permettez-moi d’insister sur le sens que nous entendons donner à notre présence. Au milieu du chaos, il s’agit d’affirmer que, si la paix est l’unique combat qui vaille, en nous rappelant le contexte de l’entreprise qui valut à Itzhak Rabbin le Prix Nobel de la Paix, nous ne pouvons que déplorer que l’on ait laissé pourrir le dossier proche-oriental. Les Accords d’Oslo étaient bien, en effet, une tentative de règlement, imparfaite sans doute, mais dont tout nous dit maintenant qu’elle n’aurait pas dû rester en suspens et que de nouvelles modalités doivent être définies. Peu de temps avant sa mort, Jean Halpérin, qui avait enseigné à l’Université de Grenoble, affirmait : « Pour parvenir à la paix, il ne suffit pas d’en parler. Il faut agir pour la bâtir solidement. »

Quel droit avons-nous de donner des leçons ? Ce que je vous montre ici, ce ne sont pas les Tables de la Loi, ce sont les traces des multiples actions, des rencontres, réunions, conférences, projets divers ébauchés ou réalisés en autant de partenariats au cours des trente années écoulées ! Nous n’avons pas fait des miracles et comment le pouvions-nous ? A l’évidence, il aurait fallu beaucoup plus de volonté, d’intelligence, d’imagination, d’investissement et de propositions d’action !

Que pouvons-nous faire, aujourd’hui, sur notre territoire, dans la guerre sans perspective entre Israël et le Hamas, s’il n’y a pas la mise en œuvre d’une solution politique ? Rien, sur un plan politique immédiat. Beaucoup dans un rôle d’alerte en organisant un dialogue entre citoyens de bonne volonté qui n’ont pas nécessairement la même lecture du conflit, ni les mêmes références culturelles :

  • S’interroger, d’abord, dans des “groupes de paroles”, sur les conditions pour que la paix entre les Israéliens et les Palestiniens puisse s’inscrire dans un horizon d’attentes.
  • Renouer le dialogue entre des personnes et des associations afin d’éviter que ce conflit de deux peuples sur un même territoire ne s’importe dans notre pays déjà fragilisé, d’une part par un antisémitisme qui se sent libéré et, d’autre part, par une confusion qui identifie Islam et islamisme.

Il faut prendre garde à ne pas promouvoir une lecture religieuse de l’affrontement Israël-Palestine dans un conflit complexe qui se perpétue depuis 75 ans : ce serait adopter le point de vue des fondamentalistes.  Ceci nous fait obligation de voir plus loin et en plus grand, car la paix entre Israéliens et Palestiniens s’inscrit dans un défi plus vaste qui est bien celui de construire un monde dans lequel nous voulons vivre ensemble !

C’est donc à travers un processus d’éducation à la paix, que nous souhaitons prendre une initiative, avec la collaboration d’Édith Aberdam, Présidente du Cercle Bernard Lazare à Grenoble et celle d’organisations de la société civile de notre territoire. Et nous en appelons au soutien du Maire de Grenoble, du Président de l’Agglomération grenobloise (La Métro) et du Président du Conseil départemental pour qu’un réseau mondial d’« écoles de la paix » dont les premiers partenaires et bénéficiaires seront tout autant des organisations israéliennes et des organisations palestiniennes, puisse se développer et s’élargir à d’autres conflits qui existent à bas bruits, ou non, dans le monde. Grenoble et le territoire isérois, par leur histoire et leurs expériences, peuvent être le germe de ce combat pour la paix qui est bien le seul qui vaille.

Richard Pétris, Président de l’École de la paix