La guerre, froidement, ou la paix, chaudement ?
Par Richard Pértis, Président de l’Ecole de la paix
Le 2 mars 2023
C’est au sortir de la Guerre froide, il y a une trentaine d’années, qu’a germée à Grenoble l’idée de créer une « école de la paix » ; un peu à la manière dont l’Assemblée de Vizille avait inauguré en 1788 le mouvement historique qui allait donner naissance, un an plus tard, à la grande Révolution issue des Lumières et fondatrice de ce que l’on peut considérer comme l’époque moderne. Si cette prétention a pu paraître démesurée à certains et faire sourire et si le long fleuve de la vie continue de couler – pas si « tranquillement » que ça ! – la série de crises qui nous bousculent aujourd’hui vient concrètement nous aider à comprendre où situer la paix.
La première crise, une pandémie véritablement planétaire, est là pour nous montrer qu’« après le pain, la première préoccupation du peuple » aurait pu dire Danton, est la santé. La guerre, elle, jamais totalement sortie de notre horizon, choque par son inhumanité en réapparaissant en Ukraine et provoque, globalement, une réaction de rejet. Le changement climatique, tel un totem dans le champ de l’environnement, s’installe durablement en nous faisant prendre conscience de nos responsabilités et suscite une véritable anxiété. Il n’est pas surprenant, enfin, que de tels bouleversements entraînent des remises en cause sociales et politiques profondes, sources d’incompréhension et qui ébranlent nos sociétés.
On pointe la faute de la globalisation, en tous les cas d’un « mix » et d’une complexité difficile à maîtriser. Et si l’on s’éloigne très progressivement d’une culture de la guerre, volens nolens, on peine à organiser la transition vers une culture de la paix.
Si l’École de la paix n’existait pas, il faudrait l’inventer ; donnons-nous, collectivement, les moyens de la faire avancer !
